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L'éducation conductive, un chemin vers l'autonomie

Equipe ScoPoly

Dernière mise à jour : il y a 4 jours

L'éducation conductive a été développée par le neuropsychiatre hongrois András Petö dans les années 1940. Il a été le premier à développer une méthode visant à intégrer les enfants dits "infirmes moteurs cérébraux" (IMC) dans la société, dans un contexte d’après-guerre, où ces enfants étaient laissés à l’abandon dans les orphelinats.


Des tâches, des équipements, du rythme :


Les programmes d’éducation conductive ont tous en commun, un apprentissage axé sur des tâches : chaque geste est découpé en étapes plus petites, adaptées aux capacités de l’enfant, appelées "tâches". Concrètement, pour apprendre la marche, l'enfant va d'abord apprendre à soulever une jambe, puis à poser un pied, et enfin à faire de petites avancées.


Lors de l'apprentissage de ces tâches, les enfants et jeunes accompagnés travaillent sur des mouvements rythmés. Ce rythme, donné par la musique ou par les paroles du conducteur, facilite la coordination et la synchronisation des mouvements.


Des équipements spécifiques, comme les tables à barreaux et les chaises à dossier en forme d’échelle facilitent également l'apprentissage des mouvements et le développement moteur des enfants.


Association Honorine Lève Toi - www.honorine-leve-toi.org


L'importance du groupe :


Chaque programme d'éducation conductive est élaboré de manière individualisée, en tenant compte des besoins spécifiques et du rythme de progression de chaque personne. Cependant, le travail se déroule généralement en groupe, favorisant ainsi la motivation et l'apprentissage mutuel entre les participants.


Julie Soulié, directrice des Petits Pas, le Centre d'Education conductives du Tarn, a tout de suite accroché à cette idée de groupe : "La prise en charge du handicap en France est fragmentée et très souvent individuelle. Sauf que l'enfant a besoin de pairs dans son développement. L'émulation du groupe, les encouragements, la relation, la prise en compte de l'autre… Tous ces éléments n'existent quasiment pas dans la prise en charge du polyhandicap à domicile." Grâce à cette méthode, "les enfants prennent ainsi conscience de l'autre, apprennent à attendre leur tour."



Cap vers l'autonomie :


Aujourd'hui, cette méthode est de plus en plus utilisée auprès des personnes polyhandicapées. Cette méthode "donne un sens à la rééducation, avec un objectif bien simple et si souvent inatteignable : l'autonomie" souligne Julie Soulié.


Elle évoque la difficulté de cette notion d’autonomie dans le milieu du polyhandicap, où les acteurs, souvent bienveillants, ont tendance à "faire à la place" de l’enfant, pensant agir pour son bien. Pourtant, comme elle le précise, l'autonomie peut débuter par des gestes simples mais significatifs, comme tenir une cuillère seul ou choisir son propre vêtement.

Cette notion d'autonomie, mais aussi de libre arbitre a beaucoup plu à Emmanuelle Millot, la maman de Louis, suivi il y a quelques années au CESAP de Clermont de l'Oise (Externat "Les Sables") et qui livre son témoignage à travers cette vidéo.



C'est en partant du postulat que le cerveau est capable de contourner les barrières liées au handicap, en empruntant "d'autres chemins", que l'éducation conductive va chercher à travailler ces gestes du quotidien.

Cette "plasticité cérébrale" est travaillée quotidiennement par des professionnels appelés "conducteurs" avec toujours cet objectif ultime en tête : se débrouiller dans la vie quotidienne.


Le rôle essentiel du "conducteur" :


Les "conducteurs" sont des professionnels pluridisciplinaires qui disposent de connaissances en pédagogie, kinésithérapie, psychologie, orthophonie, etc.

De part cette pluridisciplinarité, ils répondent aux besoins des familles qui recherchent pour leur enfant "une prise en charge globale et non fractionnée".

Concrètement, les conducteurs et conductrices vont élaborer des programmes d’apprentissages aider les enfants porteurs de handicap à contourner leur handicap pour accomplir des tâches de leur vie de tous les jours : se déplacer, manger, s’habiller…

La formation des conducteurs, qui n'était initialement assurée qu'à Budapest, l'est maintenant également en Angleterre, aux États-Unis et en Israël.

En Belgique, une formation spécifique « éducation conductive » est disponible et est accessible aux professionnels du handicap, par le biais d’un module complémentaire à leur formation de base.

L'éducation conductive n'a pas encore de centre de formation pour les professionnels en France.



Témoignages de réussites :


Plusieurs exemples concrets de l'impact de l'éducation conductive sur les enfants, nous sont rapportés à travers les témoignages. La directrice du CEC du Tarn, raconte notamment le cas d'un enfant qui, après avoir été abandonné par les médecins, marche désormais grâce à cette méthode. Une maman lui a écrit un témoignage poignant lorsque son enfant a quitté le centre :

« Je suis arrivée avec mon fils dans les bras et je repars en lui tenant la main. »

Un autre exemple montre l’évolution d’un enfant pour qui "on ne pouvait rien faire", et qui connaît désormais les couleurs, sait compter jusqu’à cinq et apprend à lire et à écrire grâce à la Communication Alternative et Augmentée (CAA).


Une méthode en expansion :


La méthode est aujourd’hui reconnue dans de nombreux pays avec 170 centres dans le monde (Allemagne, Belgique, Suisse, Espagne, Angleterre, USA, Australie, Japon, Israël….) Elle est inscrite dans la loi en Norvège  comme un droit pour les enfants handicapés.

En France, il existe aujourd’hui plusieurs centres permanents et temporaires d’éducation conductrice :

  • 6 centres permanents : l'association EHM8 de Pouilly-sur-Loire (58), Centre d'éducation conductive de Bayeux (14), le CEC du Gard (30), l'association la Maison Escargot de Plédéliac (22), le CEC du Grand Est et le CEC du Tarn.

  • 2 centres temporaires (proposition de stages) : l'association SEIMC de Maucomble (76) et l'autre par l'AFPEC de Laval (53).



 

Bibliographie


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